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L’Institut français d’Alger fait peau neuve et se donne de grandes ambitions

Qu’importe les aléas de la relation algéro-française, la fréquentation de l’Institut français d’Alger (IFA) ne diminue pas. Depuis plusieurs années, un public fidèle s’y presse pour suivre des cours de français, voir des expositions, visionner des films, assister à un concert ou participer à un débat. Depuis la rentrée de septembre, l’IFA a fait peau neuve. La vieille caserne militaire, construite au début du XXe siècle, a vu son décor repensé et modernisé.
Objectif affiché : faire de l’IFA un lieu d’échanges interculturels entre l’Algérie et la France. Un pari audacieux, à l’heure où les relations entre les deux pays sont une nouvelle fois glaciales, sur fond de rapprochement entre Paris et Rabat, voisin et frère ennemi d’Alger. Le signe, aussi, de la persistance d’une politique culturelle française dans le pays, alors que la plupart des autres ponts sont coupés.
Bien que les travaux, lancés en septembre 2023, ne soient pas entièrement achevés – ils le seront d’ici à la fin de l’année –, l’IFA a déjà ouvert ses portes au public. Une exposition de l’artiste Mehdi Hachid, intitulée « Nexus, réflexion sur l’obsolescence de nos systèmes », est actuellement présentée dans la nouvelle salle d’exposition et restera accessible jusqu’au 2 décembre, avant de céder la place à un nouvel artiste.
Cette réhabilitation du bâtiment, tout en veillant à conserver son architecture historique, a été réalisée par MMA, le cabinet des architectes Abderrahmane Mahgoun et Achour Mihoubi. L’entrée principale, autrefois fermée par une grande porte métallique, a été remplacée par un grand cube en verre de 8 mètres de haut. « Cette transparence crée une continuité visuelle entre la rue et la cour intérieure, invitant ainsi les passants à entrer », explique M. Mihoubi, qui voit dans cette transformation une ouverture symbolique de la culture sur l’espace public.
L’auditorium a bénéficié d’une étude acoustique rigoureuse, avec l’intégration de bois, de membranes de feutre et de moquette pour offrir une qualité sonore optimale aux spectateurs. La salle d’exposition pourra être aménagée de manière polyvalente, avec des panneaux en bois amovibles aux fenêtres, qui permettent d’occulter la lumière naturelle pour les expositions temporaires ou de l’utiliser pour des réceptions. Enfin, l’accessibilité, qui a longtemps fait défaut au lieu, a été prise en compte avec l’ajout de rampes et d’ascenseurs pour garantir un accès aisé aux personnes à mobilité réduite, contribuant ainsi à la démocratisation de l’accès à la culture.
Pour les responsables de l’IFA, cette transformation reflète leur volonté d’ouverture à un public le plus large possible. Ils souhaitent que l’institut soit « accessible à tous, avec un espace qui invite les passants à découvrir la programmation », ainsi qu’« un carrefour culturel et un espace de dialogue où s’expriment les cultures algérienne et française ». Des cycles de conférences et des ateliers publics sont également prévus. « Collaborer avec des artistes et des intellectuels algériens et français enrichira les perspectives offertes au public », précisent-ils.
Parmi les autres initiatives annoncées, des résidences artistiques permettront aux créateurs de collaborer sur des projets innovants avec des artistes locaux. Des programmes éducatifs sont aussi prévus, avec une attention particulière portée à la jeunesse. « L’IFA souhaite s’investir dans la formation culturelle des nouvelles générations », expliquent ses responsables. Un CreaLab, espace de création, sera accessible sur réservation, permettant aux usagers de développer leurs propres projets.
La modernisation ne se limite pas à Alger. Plusieurs antennes de l’IFA à travers le pays, dont celle d’Annaba (à 600 km à l’est de la capitale), ont été rénovées ou ont ouvert de nouveaux espaces, comme des studios d’enregistrement.
Hamid Nasri (Alger, correspondance)
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